vendredi 28 décembre 2007
BEDOUS : Le vrai goût de la pomme
Tous les jours, Roger actionne son pressoir à jus de pommes sur la place du village
Martine Lacout Loustalet Sud Ouest 26/12/2007
Il y a la bolivarde ou oeil gros, Estelle, la court pendue, la Sainte Germaine ou encore la pomme coing en Vallée d'Aspe, mais aussi, la canada grise, la chanteclerc. Roger-Louis Bouchet, surnommé par lui-même : Roger la Pomme, fait chanter les noms des variétés. Il les a toutes dans la tête, mais d'abord, dans le c?ur.
« À chaque fois, c'est comme ça, on me dit : viens, on voudrait te faire voir quelque chose. Vous marchez sur un sentier pendant un quart d'heure, au milieu des ronces, et puis on arrive. Des pommiers à l'abandon, envahis de ronces desquelles dépassent des bouts de branches avec des pommes de 540 g chacune ! » Roger ne se lasse pas de raconter ses rencontres avec les pommiers, les poiriers?
Pomme dans l'âme. Il vit en Haute-Garonne, à côté de Saint-Gaudens, mais viens en Vallée d'Aspe depuis 1988. C'est, un peu, un nomade des pommes - y compris celles de terre. Né en 1943 en région parisienne, d'un père horticulteur et d'une mère rosiériste, Roger est tombé dedans quand il était petit. Mais c'est son service militaire à Barcelonnette, dans la vallée de l'Ubaye dans les Alpes, qui lui a donné l'attrait des montagnes et de leurs fruits, aujourd'hui oubliés.
Alors que les plantations de pommiers de plein-vent s'étaient faites cent ans auparavant, car cela correspondait à l'agriculture de subsistance dans les années 1950, au marché de Saint-Gaudens, transitaient 20 tonnes de pommes par semaine ; au village d'Aspet (Haute-Garonne) c'était quatre wagons de trente tonnes de pommes qui se chargeaient par semaine en 1920.
Et maintenant, Roger, passionné, débusque toutes ces variétés, oubliées, goûteuses, et leurs arbres, sur des lopins de terre perdus dans les herbes, mais bien exposés au sud, dans la montagne. Il ramasse les fruits, les trie. Cofondateur du marché biologique de Pau, il martèle l'importance de ce respect d'une nature généreuse, dénonçant le fonctionnement « tordu » de l'agriculture intensive, aux règles généralisées et imposées. Il prodigue aussi des conseils : comment protéger les pommiers contre les gelées tardives ou contre l'invasion de mildiou sur les pommes de terre.
Roger a installé son pressoir sur la place de l'église de Bedous. Il y mélange trois variétés : la bolivarde, la belle de mai et la chanteclerc, pour un jus savoureux, qu'il offre en dégustation.
Il le filtre aussi pour le vendre en bouteilles. Des boissons complètent le choix : jus pasteurisé, jus pomme-cassis de Dordogne, etc.
Des pommes sont aussi en vente : les pommes-coings odorantes, à couteaux (2 € / kg) et celles pour la compote (1 € / kg). Tous les jours, sur la place de Bedous, jusqu'au 1er janvier 2008. Tél : 05 59 34 71 48.
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