une petite ferme agrobiologique où l'on cultive du blé transformé en farine puis en pain au levain .nous avons aussi des pommiers avec lesquels nous produisons des jus de pomme et cidre.
dimanche, avril 26, 2009
Quelques pratiques et traitements écologiques au verger contre la carpocapse du pommier
BIOLOGIE DE LA CARPOCAPSE
En hiver Cydia pomonella vit à l’état de chrysalide protégée par un cocon accroché tantôt sous les écailles d’écorce des troncs tantôt dans le sol. Cette vie au ralenti, la diapause, dure jusqu’à la nymphose au printemps. Les premiers papillons adultes, d’une envergure d’environ 15 mm, apparais¬sent dès que la température est suffisante, courant avril début mai. C’est le début de la première génération suivie deux mois plus tard de la seconde génération.
La première génération commence par quelques vols avant le pic de fin mai début
juin. Elle se termine au début de juillet. Quelques-unes des larves écloses des pontes de cette première génération entrent en diapause mais les autres commencent leur nymphose pour donner les adultes de deuxième génération.
Cette deuxième génération est responsable des pommes véreuses à la récolte. Son pic d’émergence se situe fin juillet début août. Le nombre de papillons de la seconde génération est déterminé par l’évolution de la première génération. L’activité des carpocapses adultes est crépusculaire et dépend de la température. il faut un minimum de 15° à 16° plusieurs soirées de suite.
Dès leur premier envol après la nymphose, les papillons peuvent
s’accoupler. La ponte a lieu le soir même de l’accouplement ou le
lendemain. Une femelle carpocapse pond de 30 à 100 œufs !
L’incubation, selon les températures, dure de 8 à 21 jours.
Après éclosion les larves partent à la recherche d’un fruit dans lequel elles vont pénétrer pour s’y développer. Ce temps de recherche ou stade « baladeur », est une période de vulnérabilité. Pour les larves de la seconde génération, le stade’ baladeur est très court.
C’est aujourd’hui une croyance bien établie que sans le secours de la chimie on se condamne à récolter des pommes véreuses, n’est-ce pas se condamner à des récoltes où le pourcentage des pommes véreuses peut monter à 50 % ou plus?
Fort heureusement il existe des pratiques faciles à mettre en oeuvre dans de petits vergers et donnant de bons résultats.
DES PRATIQUES DIFFÉRENTES
Les arboriculteurs adeptes de l’agrobiologie s’interdisent l’usage des insecticides chimiques. Pour eux le verger est un agrosystème dont fait partie la carpocapse qu’il faut contenir dans des limites raisonnables. Ce papillon et sa larve sont les maillons d’une chaîne alimentaire avec ses prédateurs et ses parasites. Au lieu de prendre le risque de détruire ces auxiliaires en employant des insecticides chimiques pas ou peu sélectifs, il faut au c~traire les favoriser par des pratiques contribuant au maintien de la biodiversité dans le verger et son environnement.
Une flore diversifiée, des nichoirs pour les oiseaux, quelques abris pour les chauves-souris sont des moyens simples et faciles à mettre en oeuvre pour diminuer de façon significative le nombre de fruits attaqués sans perturber les équilibres naturels.
Une flore diversifiée.
C’est par exemple une haie sur un côté du verger ou encore un enherbement varié et rarement fauché le long d’une bordure ou dans un angle de la parcelle.
Une flore diversifiée favorise la présence des trichogrammes. Ces petites guêpes minuscules pondent leurs propres oeufs dans ceux des carpocapses. Leur présence réduit le nombre d’éclosion de larves.
L installation de nichoirs.
Ils sont destinés surtout aux mésanges charbonnières et aux mésanges bleues. L’activité des mésanges est intense en mai et juin quand elles élèvent leurs nichées, au moment de la première génération de carpocapse. Elles capturent larves et papillons sur les arbres qui sont à proximité de chaque nichoir contribuant ainsi à réduire l’importance de la seconde génération. L’hiver suivant elles restent dans le verger, occupées alors à traquer les larves en diapause.
L’installation d’abris pour chauve-souris.
Ces prédateurs aussi efficaces que discrets partent en chasse à la tombée de la nuit. Les carpocapses, papillons de faible envergure, sont une proie de choix.
Les populations de chauve-souris ont beaucoup diminué à cause de l’emploi généralisé des insecticides. On voudrait bien qu’elles reviennent.
On peut proposer à ces prédateurs des abris de repos dans le verger si on a renoncé à l’emploi des insecticides pour être cohérent. En vérité personne ne sait actuellement comment obtenir la reconstitution des populations de ces petits mammifères dans les zones où elles se sont raréfiées.
Un éc!aircissage soigné des fruits.
Indispensable pour obtenir des fruits de qualité et combattre l’alternance, c’est aussi un moyen de faire diminuer le nombre de fruits véreux.
La zone de contact entre deux pommes favorise les attaques par les larves baladeuses, aussi faut-il veiller à ne laisser qu’un fruit par corymbe.
Les bandes pièges.
Elles servent à la capture des larves qui recherchent un abri pour se mettre en diapause. Ces bandes sont utilisées en grand verger pour dénombrer les larves hivernantes afin d’évaluer le niveau de risques pour l’année suivante.
En cas d’infestation forte~ce piégeage est assez efficace pour faire baisser la pression pour l’année suivante dans les petits vergers, surtout si les troncs des arbres sont lisses.
La bande piège en carton ondulé se place autour du tronc de chaque arbre du verger à partir du 15 juin. Les canaux doivent avoir un diamètre d’au moins 4 mm. La bande est placée de façon que les ondu¬lations soient contre le tronc. Il faut serrer le piège sur le tronc avec un fil de fer placé à mi-hauteur de la bande pour mieux attirer les larves. À l’automne les pièges sont jetés au feu.
La confusion sexuelle.
Cette méthode a la faveur des amateurs qui trouvent des pièges à phéromones dans le commerce, pièges aussi coûteux... qu’inefficaces.
Le piège à phéromones comporte une pastille qui diffuse des phéromones de synthèse imitant celles que produisent les carpocapses femelles afin d’être mieux repérées parles mâles pendant le vol crépus¬culaire. La pastille est posée au centre d’une plaque enduite de glue.
En grand verger ces pièges sont utilisés par les professionnels pour surveiller l’arrivée des premiers carpocapses mâles qui annoncent le début du vol. C’est le signal pour mettre en place la confusion sexuelle avec des centaines de diffuseurs de phéromones par hectare en hauteur, avec un renforcement de la densité dans les bordures et près des zones à risques. La saturation en phéromones de l’atmosphère couvre alors les messages d’appel des femelles qui ne seront pas fécondées faute d’être repérées par les mâles.
La confusion sexuelle n’est efficace que dans les vergers d’une surface d’au moins trois hectares ayant une faible population de carpo¬capses. Ce n’est donc pas une méthode pour les petits vergers .
La prise de quelques mâles sur la glue de quelques pièges dans un verger d’amateur prouve qu’il n’y a pas de confusion sexuelle . S’ils ont détecté le point d’ émission de la phéromone sur le piège, ils détecteront aussi les femelles.
Le piège alimentaire.
Par contre il est possible d’utiliser avec de très bons résultats un autre piège de détection des arrivées de carpocapses: le piège alimentaire.
Ce piège qui attire les femelles avant la ponte est efficace à condi¬tion d’en placer plusieurs dans le verger (un par arbre si possible et en hauteur).
Une bouteille en plastique, avec son bouchon, remplie au quart de sa hauteur d’un liquide attractif fait l’affaire. Les papillons entrent par deux ouvertures, en vis à vis et d’un diamètre de 3 cm, découpées au 1/4 de la hauteur. Un fil de fer en boucle passé à travers le goulot sert pour suspendre le piège. Les anciens pièges à guêpes (grand format) sont aussi très efficaces.
Il existe plusieurs formules d’appâts alimentaires: eau additionnée de 10 % de miel ou 10 % de jus de pomme, mais aussi le vin, ou la bière... Un demi-verre de vinaigre de vin par litre de préparation limite les fermentations.
Les pièges sont mis en place à partir de la mi-avril~ et restent jusqu’à fin août. Il faut les vider au moins tous les 10 jours car les captures sont très nombreuses et variées.., des lucanes, des frelons, des mouches. Les abeilles ne sont pas attirées.
Ce piège alimentaire n’étant pas sélectif, certains utilisateurs plus écologistes placent sur les deux entrées une grille à mailles carrées de 6 mm de côté pour préserver les gros papillons.
Pour ne pas avoir à grimper dans l’arbre à chaque visite, il suffit de suspendre le piège à une ficelle assez longue passant au-dessus d’une branche haute pour faire monter ou descendre le piège depuis le sol.
Les insecticides microbiologiques.
Ce sont des insecticides autorisés en arboriculture agrobiologique et appropriés pour lutter contre le carpocapse.
Le premier Bacillus thuriengis dit Bt est facile à se procurer.
Le Bt est une bactérie produisant un cristal protéique qui se trans¬forme, s’il est ingéré, en une toxine mortelle pour les insectes. Le Bt est efficace seulement sur les très jeunes larves. Il faut donc traiter au début des éclosions pour que les larves l’absorbent avec leur nourri¬ture. Il faut pulvériser le soir car le Bt craint la lumière et la chaleur.
Le second, le virus de la granulose, connu sous son premier nom commercial, carpovirusine, est beaucoup plus efficace que le Bt. Il est sans danger pour la faune, les abeilles et pour l’homme. Mais son emploi est réservé aux arboriculteurs professionnels pour des raisons techniques.
Pour utiliser efficacement les insecticides microbiologiques (donc le Bt) il faut connaître avec précision la date de début des éclosions pour traiter à ce moment précis.
Pour cela un piège à phéromones devient utile. Il permet des comptages des prises tous les deux jours.
Dès qu’on totalise 3carpocapses pris en additionnant les 3 derniers relevés, on sait que la ponte est en cours et que l’incubation débute.
Il faut ensuite déterminer la date des éclosions pour traiter à bon escient.
Avec un thermomètre à maxi/mini on commence alors un relevé journalier des températures maxi et mini sous abri. Il faut additionner ces 2valeurs (maxi + mini), puis diviser cette somme par 2et soustraire 10 au résultat de la division. On a ainsi la première température/jour. L’incubation est terminée quand l’addition des températures/jour successives est égale à 90°. C’est facile, non !
C’est pourtant ce qui devrait être fait par tout arboriculteur amateur utilisateur des traitements chimiques pour éviter les pulvérisations répétées de juin à fin août comme le suggèrent les fabricants.
En avril le piège sert à là capture de la tordeuse, un autre papillon dont la larve est responsable de dégâts sur les pommes.
texte de Michel GAUTHIER , paru dans la revue des croqueurs de pomme . No 123 - Mars 2009
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